Compte rendu de la régate départementale de Cergy
Lancer, ou ne pas lancer, tel était encore une fois le dilemme pour le comité de course du CV95 confronté à la pétole pour l’ultimate récital du championnat départemental de voile 2008 sans grand enjeu pour l’attribution du titre.
Le niveau olympique nous étant pour le moment toujours refusé pour de mystérieuses et inavouables raisons, le président du CV 95 fort bien épaulé par sa jeune et dynamique équipe prit donc le parti de procurer une belle journée ensoleillée sur l’eau aux coureurs, fidèle à l’esprit convivial de ce championnat.
Régater dans le petit temps, c’est tout un art, vous diront les spécialistes, cet art favorise d’ailleurs la compréhension du spectateur dans la mesure où il n’y a pas besoin de ralenti pour comprendre l’action, contrairement à d’autre sports comme l’escrime où tout va si vite.
Les artistes placides, calmes sereins, voire benoits y trouvent leur compte alors, que les tempéraments réactifs ont plus de mal à gérer « la longue route » entre 2 bouées (les plus anciens d’entre vous apprécieront l’hommage à Moitessier).
La performance du meilleur exécutant es virements bascules, qui ne manque pas de l’emporter au final, n’est pas forcément la plus intéressante comparée à l’incroyable exploit sportif du jour réalisé par celui qui, longtemps condamné aux profondeurs humiliantes et anonymes du classement, sut remonter lentement mais surement vers la surface de la gloire vélique et départementale.
Philippe, dont le physique de surfeur aux longs cheveux blonds fait se pâmer les dames en crinoline qui déambulent le dimanche sous leur ombrelle le long des étangs de la base de loisir, car c’est de lui qu’il s’agit, se montra donc impérial dans cette épreuve.
Lancé à la vitesse d’un bigorneau emballé, vissé, intransigeant, sur son caisson sous le vent, le regard noir, il n’hésita pas quant aux options extrêmes à frôler le bord du cadre pour se jouer de ses poursuivants aussi admiratifs que décontenancés.
Sourd aux clameurs de ses adversaires, pitoyables sirènes travesties vautrées sur leurs bateaux englués dans la calmasse, le nouvel Ulysse frettois vira les bouées en tête, enfin presqu’en tête, ayant successivement avalé tout ses concurrents frettois. François fut rapidement doublé au vent, histoire de mieux le vexer, Cédric et Alan expédiés au près comme quantité négligeable, Manu échappé sournoisement fut rattrapé dans la foulée et même Bruno victime de son irréprochable attitude sportive fut dépassé par les évènements et par le Phiphiboat lancé comme un diesel.
Jean et Gaétan, à la peine, regardaient tout cela de façon… distanciée. Lancé sur son rail savonné d’indifférence, le Fireball de Jean Paul et Céline, glissait, imperturbable, sur le lac avec un beau reflet, apportant sa touche habituelle de calme et de beauté dans cet univers impitoyable.
Lors des deux premières manches Philippe se détacha à la dernière bouée sans s’inquiéter des décibels du joyeux groupe de tête et de ses réflexions bruyantes mais désormais classiques interdisant définitivement aux barreurs de dériveurs l’attribution du Goncourt de la courtoisie et du fairplay :
« Pousse-toi de là ! J’étais engagé ! Mais non ! Mais si ! De l’eau ! Si c’est comme ça je ne me représente pas ! Quand est ce qu’on mange ? Y’a combien de kilomètres ? »E t j’en passe…
Philippe eut toutefois un bref moment de doute existentiel bien compréhensible pendant la 2eme manche quand Gaétan se retrouva en tête de la régate à la bouée de près, mais il fut vite rassuré en comprenant que la prouesse tactique de ce dernier s’expliquait par l’imminence du prochain ravitaillement, car je cite « ben- quoi, c’est- normal- je –suis- en- pleine- croissance ! ».
La troisième manche un peu plus ventée ne parvint pas à modifier l’immuable scénario.
Manu et François bien recentrés après un bord de près difficile s’en allaient passer sereinement la bouée de largue, côte à côte, quand l’étrave du bateau emmanuelien s’engagea sous l’écoute franciscaine. Manu « pour rendre service », je cite, défit donc prestement le circuit d’écoute d’un adversaire moyennement ravi, pour se dégager, mais léger détail, il se garda bien de refaire le dit circuit. Tel un chef Gaulois dépité (je suis fatigué, mais fatigué…) le barreur du laser bleu termina la manche, la poulie de bôme pratiquement à la main, ruminant cet incident ajouté aux tardifs babordesques virements d’un autre concurrent de mauvaise foi, en se disant « qu’avec des amis comme eux, on n’avait décidément pas vraiment besoin d’ennemis ».
Epilogue : Philippe second de la régate fut porté en triomphe par les 8 équipages frettois immédiatement réconciliés, à l’annonce de sa deuxième place historique particulièrement méritée et garantie sans pomping.
Les SNF remportent donc le championnat 2008 par équipe, ainsi que les catégories double et solitaire, le suspense demeure seulement pour la participation.